dimanche 27 mai 2018

Pas de «A» pour la 1506A (suite)



Détail de la carte 1506A (Richard, 1982) : l'Île-de-Hull est nue.
Légende (adaptée)
Dépôts alluviaux. – 6a (jaune) : dépôts récents ; sable silteux, silt, sable et argile ; 6b (orangé) : dépôts alluviaux anciens ; sable moyen, silt.
Sédiments de la mer de Champlain. – 3a (bleu) : argile et silt (dépôts amincis par érosion fluviatile).
Dépôts glaciaires. – 1a (vert) : till.
Paléozoïque. – R (rose) : roche en place ; calcaire et shale, surfaces rocheuses tabulaires souvent dénudées ; mince placage de dépôts meubles quaternaires ne dépassant pas 1 m.
Référence
Richard, S H, 1982 – Surficial geology, Ottawa, Ontario-Québec / Géologie de surface, Ottawa, Ontario-Québec. Commission géologique du Canada, Cartes série «A» 1506A, 1 feuille. [1/50 000]
Disponible en ligne.



J'essaie de faire avancer un projet qui concerne l’Île-de-Hull. Au cours des derniers jours, ma vieille exaspération à l’égard de la carte des matériaux meubles de la région d’Ottawa-Hull n’a fait que croître (Richard, carte 1506 A, 1982 ; voir mon billet du 7 sept. 2013, « Pas de «A» pour la 1506A ».)

Il me manque des renseignements que je ne trouve pas ailleurs et que cette carte devrait donner. La 1506A, publiée par la Commission géologique du Canada, est quand même la carte que tout le monde pense à consulter quand il s’agit de la répartition des dépôts du Quaternaire dans la région. 

À croire la 1506A - mais justement il ne faut pas la croire - la surface entière de l’Île-de-Hull aurait été libérée des sédiments accumulés durant le Quaternaire. Till glaciaire, argile marine, alluvions du proto-Outaouais ou récents : tout a été balayé (par le proto-Outaouais, justement ; voir billet du 8 févr. 2014). À l'exception d'une couche discontinue ne dépassant pas 1 mètre, c'est le roc nu presque partout (voir détail de la carte au début du billet). Or, sur le terrain, l’évidence crie le contraire. D’autres cartes, d’autres travaux clament la même évidence. 

Mais il y a d’autres travaux, ai-je dit. Pourquoi ne pas les consulter et oublier la 1506A ? Certains des ces travaux sont partiels, qu'ils ont été rédigés par des ingénieurs et que leur interprétation géologique est délicate. Il peut être hasardeux d'établir des corrélations entre des publications aux méthodologies différentes. La seule carte qui pourrait (qui devrait !) répondre à mes questions est la 1506A.

Il aurait été plus honnête de sa part de laisser l’Île-de-Hull en blanc : au moins il n’y aurait eu aucun risque d’équivoque. C'est ce à quoi s'est résolue la carte 1662 (1915 ; voir détail plus bas) qui ignore les zones urbanisées de l'Île. Avec ce genre de configuration, on sait à quoi s'en tenir.

J'attends toujours la synthèse qui répondra à mes questions...


Quelques travaux sur les sédiments du Quaternaire dans l'Île-de-Hull





1915 : carte 1662 de Johnston (détail). L'Île-de-Hull est laissée en blanc.
La carte laisse l’Île-de-Hull en blanc, sauf la rive du ruisseau de la Brasserie au nord de Montcam. Affleurent le socle rocheux (en rose) et des graviers (en vert).
Légende (adaptée)
Dépôts récents. S10 (violet) : Alluvial sand and silt (flood plain deposit of present stream) ; soil : fine sand.
Dépôts post-Champlain. S9 (vert) : River gravel ; soil : stony sand.
Dépôts glaciaires. S3 (gris) : Glacial till and boulder clay ; soil : stony loam.
Roche en place (calcaire Paléozoïque). (Rose) : Bedrock outcrop ; little or no soil covering.
Référence
W.A. Johnston, 1915 – Ottawa, Carleton and Ottawa Counties, Ontario and Quebec. Commission géologique du Canada, Carte géologique polychrome 1662, 1 feuille (1/63 360).
Disponible en ligne.



1962 : coupe de Beauchemin-Beaton-Lapointe inc. 
Photo prise à main levée avec inévitables distorsions. Coupe ouest-est (gauche-droite) de l’Outaouais à l’endroit du futur pont Cartier-Macdonald. Sur la rive hulloise, env. 19 m de sédiments quaternaires recouvrent le socle calcaire, dont env. 9 d’argile marine (« Glaise limoneuse ») recouverte d'un « Remblai granulé ». On est loin des dépôts meubles ne dépassant pas 1 m de la 1506A...
Référence
Beauchemin-Beaton-Lapointe inc., 1962  – Pont MacDonald-Cartier : rapport sur les études techniques préliminaires. Conseil de Liaison, 144 p.




1965 : L'Atelier de l'Urbanisme (1 de 2). Coupe de l'Île-de-Hull (modifiée).
Photo prise à main levée avec inévitables distorsions. 
Coupe N-S de l’Île passant par le parc Fontaine : un tapis de sédiments quaternaires épais de 10 m recouvre le socle calcaire au nord du parc Fontaine.
L'échelle verticale est 20 fois exagérée (d'après mes calculs). La photocopie du rapport d'où cette reproduction est tirée n'est pas fameuse, comme on le constate. J'ai refait la typographie en ajoutant quelques détails, notamment la ligne horizontale qui traverse la coupe (« N.d.l.r.? ») pour indiquer le niveau (minimum) de la rivière, laquelle se tient approx. entre 135 et 147 pieds (41 et 45 m). Les altitudes sont en pieds : 220 pi. = 67 m ; 200 pi. = 61 m ; 180 pi. = 55 m ; 160 pi. = 49 m ; 140 pi. = 43 m ; 120 pi. = 37 m.
Le calcaire du groupe de Trenton (Ordovicien moyen et supérieur, 458 - 444 Ma) forme le socle de l'Île. L'argile silteuse a été déposée par la mer de Champlain ; le till glaciaire qui devrait se trouver entre le socle calcaire et l'argile n'apparaît pas. Le sable et gravier sont des sédiments laissés par le proto-Outaouais. Le parc Fontaine est sur le site d'un ancien lac (le lac Flora), comblé vers 1911 (« Remblayage »). (La page définissant la terre noire manque au rapport : ailleurs, on précise que les terres noires du SW du Québec se sont développées sur le site d'anciens lacs peux profonds qui ont succédé à la mer de Champlain (ou au proto-Outaouais, dans notre cas) par accumulation de résidus végétaux année après année. Les terres noires sont riches en matières organiques.) Voir la carte (figure suivante).
Référence
L'Atelier de l'Urbanisme Georges Robert, 1965 – Reconnaissance et appréciation des conditions urbaines, Hull, 1965 : Rapport numéro 1. Trois-Rivières, 27 pages + plans.


1965 : L'Atelier de l'Urbanisme (2 de 2). Carte des sols de l'Île-de-Hull (modifiée).
Cliquer sur l'image pour la voir à sa pleine grandeur. 
J'ai orienté la carte nord vers le haut pour une meilleure comparaison avec les autres et j''ai repris la légende dans le bon sens, en bas à gauche. La coupe ci-haut passe par le parc Fontaine. Ce dernier est dans la structure horizontale allongée, au sud, à l'intérieur de la zone délimitée par la ligne tiretée grasse. Autre repère : l'Imprimerie nationale, en haut, à gauche, hors des limites de la ligne tiretée. 
Je ne suis pas sûr que les unités de la légende soient classées dans l'ordre chronologique. Je corrige (?) ici la chose (en m'aidant de la coupe ci-haut) :
Légende (adaptée)
MO/R. - Matières organiques, tourbières, résidus. (Sols récents.)
SG. - Sable et gravier. (Alluvions post-Champlain ?)
TN. - Terre noire. 
AS. - Argile silteuse. (Argile de la mer de Champlain ?)
RBG. - Roche-mère, boulders et graviers.
(socle calcaire recouvert de till ?)
Référence.
Voir ci-haut.



1970 : Buckley. L'Île-de-Hull laissée en blanc (pas d'image).
Le document ne cartographie que la pointe NW de l’Île-de-Hull, rive du ruisseau de la Brasserie. Il donne des marécages pour cet endroit.
Référence
Buckley, J.T., 1970  – Surficial deposit and landform map of the Gatineau Park and vicinity. Commission géologique du Canada, Dossier public 36, 1 feuille.
Disponible en ligne.




1980 : carte de Bélanger et Harrison : Fig. 4. Drift Thickness Trend, Ottawa-Hull, Ontario and Québec (détail).
Un épais manteau pour l’Île-de-Hull.
L'Île-de-Hull est recouverte de sédiments non différenciés du Quaternaire de plus de 3 m d'épaisseur (10 pieds), à l’est de St-Rédempteur et au nord de Papineau. L’épaisseur maximale (15 m, ou 50 pi) est atteinte au NE de l’Île.
Intervalle des courbes de niveau : 10 pieds (3 m).
Référence
Bélanger, J. R.; Harrison, J. E., 1980 – Regional Geoscience Information : Ottawa-Hull. Commission géologique du Canada, étude 77-11, 18 p., avec 8 cartes [dont Fig. 4. Drift Thickness Trend, Ottawa-Hull, Ontario and Québec. 1 : 50 000].
Disponible en ligne.




1986 : Théberge (détail) : Carte 1. Géomorphologie, géologie et épaisseur des dépôts meubles. Gatineau-Hull-Aylmer.) On voit très mal mais ça semble très intéressant. 
** Version plus lisible à venir. ** C'est fait, voir billet du 1er juin 2018 : https://geo-outaouais.blogspot.com/2018/06/depots-meubles-de-lile-de-hull-suite.html.
Roche en place (calcaire), till, sédiments marins (argile de la mer de Champlain), alluvions du proto-Outaouais et alluvions récents : il y a de tout dans l’Île-de-Hull !
Légende (adaptée)
(Nous avouons que cette carte n'est pas très lisible. C'est la version disponible en ligne. Si quelqu'un a quelque chose de mieux...)
Récent. – 10 : dépôts organiques ; 9 : dépôts fluviatiles ; gravier, sable, silt, matière organique
Dépôts du proto-Outaouais. – 8-7 : dépôts de chenaux abandonnés ; silt, sable.
Dépôts de la mer de Champlain. – 3 : faciès d'eau profonde ; argile, argile silteuse, silt, lentilles de sable. Dépôts glaciaires. – 1 : till de fond.
Paléozoïque. – R : roche en place ; calcaire et shale.
Les nombres sur des courbes de niveau (10, 20) indiquent la profondeur en m des dépôts quaternaires.
Référence
Théberge, J., 1986 – Cartographie géotechnique dans la région de Gatineau-Aylmer-Hull. Ministère de l’énergie et des ressources du Québec, MB 86-43. [Avec cartes au 1/20 000.]



Détail du MB 2015-02 (Daigneault et al., 2015) : retour à la 1506A ?
Légende (adaptée)
Postglaciaire
Sédiments organiques. - O (gris) : sédiments organiques non différenciés.
Sédiments alluviaux (incluent alluvions des chenaux du proto-Outaouais). - Ax (jaune) : alluvions des terrasses anciennes ; silt sableux, sable et gravier. Matière organique.
Sédiments glaciomarins (mer de Champlain). - MGa (bleu) : Sédiments fins d'eau profonde. Silt argileux et argile silteuse.
Pré-Quaternaire
Substrat rocheux. - Rs (rouge) : roches sédimentaires paléozoïques, calcaires, shales et dolomies.
Référence
Daigneault, R A, Roy, M, et al., 2015 - Rapport sur les travaux de cartographie des formations superficielles réalisés dans la portion est du territoire municipalisé de l'Outaouais en 2011-2012. MERN, MB 2015-02, 55 p. (8 cartes au 1/50 000).
Disponible en ligne.



Pour terminer, un témoignage au raz du sol de l'Île-de-Hull datant de 1952.
« Stony sandy soil formed on Pleistocene river gravel at the corner of Carillon and St. [sic] Streets about a quarter mile east of Brewery Creek in Ward 2. » Tirée de Brown (1952, p. 7, fig. 10). La seule rue St-... qu'aurait pu croiser la rue de Carillon à l'époque est l'ancienne rue Saint-Laurent, actuel boul. des Allumettières : l'affleurement est donc détruit.
Référence
Brown, Roger J. E., 1952 – An Urban Geographic Study of the City of Hull. A thesis presented in accordance with the accordance with the requirements of the degree bachelor of arts in the University of Toronto, 1952, 88 p..

mercredi 16 mai 2018

Inondations à Hull, version 1928 : mise à jour


Voir la mise à jour de mon billet du 19 avril 2018 sur les inondations du printemps 1928 à Hull (QC).

Superposition par transparence de la zone inondée en 1928 sur celle de 2017 (dans le cadre) :


Source de la carte de fond (détail) : http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/special/2017/05/survol-inondations-cartes-quebec/index.html (et JuxtaposeJS).

samedi 12 mai 2018

Carrière de feldspath perdue et retrouvée à Gatineau (MàJ)


Mise à jour du billet du 4 août 2017 sur la mine de feldspath au nord du lac Beauchamp (Sainte-Rose-de-Lima), QC. Allez-y voir à quoi correspondent ces deux photos (et d'autres) :







jeudi 3 mai 2018

Le Parlement : neque fluctuat neque mergitur !


Le Parlement fédéral englouti par le brouillard ? Que non, sa silhouette se dresse, droite au-dessus des vagues de brumes ! Neque fluctuat neque mergitur (latin approximatif). Photos 3 mai 2018, peu après 14 h.



Le Parlement, à Ottawa, menacé d'être englouti par le brouillard qui monte de l'Outaouais. Espérons que les fenêtres sont fermées !



La vague de brume se fait transparente. Est-ce le reflux ?



La brume se déchire, la Colline a résisté aux assauts. Un brouillard si persistant est quand même inhabituel.



Quelques minutes plus tôt, depuis le pont Alexandra. Des vagues agitaient le brouillard sous la Colline du Parlement. Elles semblaient aspirées par la vallée du canal Rideau, à la gauche du Parlement.



Les photos rendent mal l'impression qu'on avait de marcher au dessus d'un tapis de ouate.



Sous le brouillard, la rivière, par transparence.