mercredi 1 novembre 2017

Marqueterie de marbre et d'amphibolite à Calumet, Qc (ajout)



Fig. 1. Marbre blanc et amphibolite noire. Autoroute 50, à Calumet, QC, à l'ouest du chemein Whinfield. Photo 23 août 2015.


Résumé

Contact « en marqueterie » entre un marbre blanc et une amphibolite. Province de Grenville ; entre 1 et 1,2 milliards d'années.
Localisation
Autoroute 50, à l'ouest chemin Whinfield, à Calumet
45.655874, -74.625840
Photos
23 août 2015


Un marbre et une amphibolite présentent un étrange contact en « marqueterie » près de Calumet, QC, le long de l'autouroute 50. Les roches du secteur appartiennent à la province de Grenville (1 à 1,2 milliards d'années).

Selon Bourdeau (2009), qui a étudié les affleurements pendant la construction de l'autoroute, nous sommes en présence d'une amphibolite à hornblende-albite et d'un marbre à diopside-grossulaire (fig. 1). Belley et al. (2017) décrivent en détail la minéralogie du site. Les amphibolites de la région sont considérées, en tout ou partie, comme des dykes ou des filons de gabbro métamorphisés après leur mise en place dans les marbres et gneiss encaissants. L'amphibolite serait donc, à l'origine, un magma ayant envahi le marbre.

Une foliation est-ouest à pendage abrupt imprègne l'amphibolite. Cette foliation a été reprise par des contraintes tectoniques qui lui ont imposé une allure ondulée (wavy). « Most rocks cleave along this foliation into large parallelogram-shaped blocks. » (Bourdeau, p. 6) (Fig. 4.)

La carte de Philpotts (1976) montre une courte faille est-ouest, parallèle à l'autoroute, à l'endroit étudié. L'amphibolite n'apparaît toutefois pas sur sa carte, le marbre formant une bande nord-sud côtoyée, à l'ouest, par une monzonite-mangérite et un gneiss à grenat et, à l'est, par une syénite. Un dyke de diabase massive du faisceau de Grenville (600 millions d'années) affleure dans le prolongement de la faille, à l'est, dans la syénite, et touche le marbre sans y pénétrer.

La carte de Philpotts a toutefois été réalisée avant la construction de l'autoroute 50 qui a révélé de nombreux affleurements nouveaux. L'amphibolite nous apparaît comme un corps assez discret qui n'affleure que sur le côté nord de l'autoroute ; en face, au sud, seul le marbre est visible (Bourdeau, 2009 ; mes observations, 2015).


Origine de la « marqueterie » (fig. 2-3)

On peut se demander si la « marqueterie » au contact du marbre blanc et l'amphibolite noire, c.-à-d. le motif créé par une alternance de blocs blancs et noirs, ne résulte pas du jeu des parallélogrammes le long des lignes de clivage, tel que décrits par Bourdeau. Il s'agit d'une empreinte cassante tardive (failles ou joints), alors que les roches étaient refroidies, surimposée à une empreinte ductile sur des roches encore malléables (foliation et ondulations).

Un moment, j'ai pensé que l'amphibolite correspondait au prolongement dans le marbre du dyke de diabase évoqué plus haut. Le faisceau de Grenville auquel il appartient n'a subi aucune déformation et ne présente aucune foliation et encore moins d'ondulations. Cette hypothèse est donc à rejeter tout à fait. (La composition de l'amphibole ne correspond pas non plus à celle de la diabase.)


Références
  • Philippe M. Belley, Michel Picard, Ralph Rowe et Glenn Poirier, 2017 — Minerals of Highway-50, Grenville to Pointe-Au-Chêne, Québec. Lien : https://www.mindat.org/a/hwy50grenville
  • Bourdeau, J.E. — 2009. A mineralogical investigation of a blue-calcite-bearing calc-silicate assemblage from Grenville, QC. B.Sc. Thesis, University of Ottawa.
  • Philpotts A.R., 1976 — Canton de Grenville (partie sud-est). MRNQ, RG 156, avec carte 1803 au 1/12 000.



Fig. 2. - Aspect « en marqueterie » du contact marbre blanc - amphibolite noire par juxtaposition de parallélépipèdes blancs et noirs délimités par des cassures dans la roche.



Fig. 3. - Détail de la fig. 2.



Fig. 4. - Jeu de fractures découpant l'amphibolite en blocs ou parallélépipèdes.


Fig. 5. - Filon mélanocrate massif dans le marbre.


AJOUT (2 nov. 2017)


Fig. 1 (reprise). - Il faudrait retourner sur les lieux pour vérifier, mais y aurait-il dans l'amphibolite une ondulation d'une amplitude de plusieurs mètres ? (Outre, à une échelle plus discrète, celle de la foliation relevée par Bourdeau (2009). La « grande » ondulation ferait apparaître et disparaître l'amphibolite le long d'un plan vertical matérialisé par la tranchée (photo). Les coïncidences à cet endroit sont nombreuses : le tracé E-W de la tranchée, la foliation verticale à ondulation E-W dans l'amphibolite et la faille E-W relevée par Philpotts (1976)...

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