dimanche 15 juin 2014

Erratique à rebours ?



Fig. 1. Bloc erratique (grès de Nepean, env. 500 millions d'années) reposant sur le Bouclier canadien (un milliard d'années) dans le parc de la Gatineau (Québec). La configuration inverse est plus fréquente : lors de la dernière glaciation, les glaces, en mouvement du nord vers le sud (localement et grosso modo), ont déversé les débris du Bouclier sur les roches sédimentaires (grès, calcaire, etc.) de la plate-forme du Saint-Laurent à laquelle appartient le bloc. Circonférence estimée du morceau de roc : 7 m. La fracture qui coupe le grès en deux s'est produite, est-ce nécessaire de le préciser, après son immobilisation. Photo 17 mai 2014.


Localisation
Parc de la Gatineau (Québec), près de la 148.
Cordonnées du point A de la fig. 2
45.485006, -75.797954
Cordonnées du point B de la fig. 2
45.447266, -75.767569
Autres billets du blogue reliés au sujet
23 janv. 2011, «Lac Beauchamp : un milliard d'années inscrites dans la roche»
7 août 2011, sur le bloc erratique de Chelsea
5 oct. 2013, «Grès de Nepean à Gatineau : safari-photo»
27 nov. 2010, «Ne jetez pas la pierre au géologue»


La fig. 1 montre un bloc erratique (grès de Nepean, Cambro-ordovicien, env. 500 millions d'années) qui repose sur le Bouclier canadien (province de Grenville, plus d'un milliard d'années). Le mouvement des glaces, lors de la dernière glaciation, du nord vers le sud (grosso modo et localement), nous a habitué à la configuration inverse : on s'attend à voir des débris du Bouclier sur les roches sédimentaires (grès, calcaire, etc.) de la plate-forme du Saint-Laurent qui affleurent sur sa marge sud (cf. billet du 23 janv. 2011 sur le lac Beauchamp, lien plus haut).

On peut se demander si le bloc n'as roulé à rebours, vers le nord.

Pas nécessairement. Hogarth (1970) signale en effets des affleurements isolés de grès – lambeaux épargnés par l'érosion – dans les collines de la Gatineau, à Chelsea*, à 5 km au NW du bloc (fig. 2). Peut-être que le bloc provient de cet affleurement et qu'il a été entraîné par les glaces jusqu'à son emplacement actuel, à l'extrémité sud du Bouclier. Il pourrait aussi provenir d'un affleurement de grès non cartographié, masqué sous des dépôts meubles.

* Il y en a aussi à Cantley, plus à l'est.

Ou bien, tout simplement, l'affleurement d'origine du bloc a été détruit par les glaciations et nous en voyons là un ultime débris. Celui que signale Hogarth (1970) accueille le lit d'un ruisseau qui serpente à travers une épaisse couche d'argile de la mer de Champlain. On peut supposer que la couche de grès s'étend au-delà de la petite surface visible à travers la glaise.

Tout est normal, donc. Le bloc à bien suivi le trajet normal, du nord vers le sud. Le mouvement des glaces dans le secteur s'est d'ailleurs fait comme le bloc, du NW vers le SE.

Un bloc plus petit se trouve à l'entrée d'un chemin, un peu au sud (fig. 5).




Fig. 2. Partie de Gatineau et du parc de la Gatineau (bande verte), au Québec. Déplacement possible du bloc erratique depuis un affleurement isolé de grès sur le Bouclier canadien (A) jusqu'à l'endroit où il se trouve actuellement (B), toujours sur le Bouclier, 5 km plus au SE. La frontière Bouclier/plate-forme du Saint-Laurent passe un peu au sud du point B. Des lambeaux de la plate-forme affleurent cependant au nord de cette frontière. Cliquez sur la carte pour l'afficher à sa pleine grandeur.
Modifié de © Google, 2014.



Fig. 3. Malgré ses 7 m de circonférence, le bloc est bien camouflé dans le bois. La proximité du chemin fait qu'on ne peut pas exclure qu'il ait été dérangé de sa position originelle. Photo 17 mai 2014.



Fig. 4. Quartzite granitisé du Bouclier canadien : affleurement
typique du secteur, plus représentatif des roches locales que le bloc de grès.
Photo 17 mai 2014.



Fig. 5. Petit bloc de grès de Nepean, au sud du premier. Photo 17 mai 2014.


Référence

  • Hogarth, D.D., 1970, Geology of the southern part of Gatineau Park, National Capital Region, GSC, Paper 70-20, 8 p., map 7-1970.

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