mardi 15 janvier 2013

Cavernes de Pembroke


© Google
Île aux Allumettes, rivière des Outaouais, 
en amont (à l'ouest) de la péninsule dont il est question plus bas.


Les cavernes sous la rivières des Outaouais, du moins celles de la région de Pembroke, refont brièvement surface, si la chose est possible, le temps de présenter trois liens qui nous laisseront un peu moins ignorants sur la question. (Voir mon billet du 15 décembre 2012.)


1. Référence à un article de Sawatzky dans le CGRG Bibliography of Canadian Geomorphology

Résumé
«Ottawa River Caves with over 4 km of passages. The caves lies under a large peninsula* on the prov. Ontario, under several islands, and under the Ottawa River within the prov. Quebec. There are two major sinks and at least five major resurgences. The exploration and survey techniques are discussed.»

Sawatzky, D., «Canada's longest cave dive, Ottawa River Cave», Cave Diving Magazine, no 3, 1991, 18-23.

* La «large peninsula» est la pointe de terre que doit contourner l'Outaouais en aval de l'île aux Allumettes.Voir la carte plus haut.


2. Description des cavernes (pdf) par le Dr Allan Donaldson, de l'Université Carleton (Ottawa).
Publiée par l'Ottawa River Heritage Designation Project (organisme qui met en ligne des documents très intéressants, et qui œuvre pour la désignation de la rivière des Outaouais parmi le Réseau des rivières du patrimoine canadien. La version française des documents est cependant moins complète que l'anglaise).

«Caves of Wonder!
The Ottawa River’s Underwater Caves

In the township of Westmeath, just south of Allumette Island, lies an extensive series of caves that may well form Canada’s largest cave diving system. Located under a large peninsula on the Ontario side of the river, under several large islands in the centre of the river belonging to Quebec, and underthe river bed itself, this network includes over 4 kilometres of twisting passages (Sawatsky 6).

In this region, the Ottawa River is running over a bed of horizontally bedded limestone [calcaire Ordovicien] in which the caves are developing. The river generally runs in a NW/SE direction, but has, in this region, taken an “S” shaped turn to circumvent a large peninsula on the Ontario side. The peninsula is relatively flat, and about 1 to 4 metres above the normal river level. However, when the water level is high, half of the peninsula over the caves is submerged. Some of the water then flows under the peninsula along the fault lines and bedding planes in the limestones. It is this process that continues to form this complex series of caves (Sawatsky 1*) (p. 149).»

* Voici la référence à Sawatsky (décidément indispensable) dans la bibliographie du document :
  • Sawatsky, David. “Ottawa River Caves”. Canadian Caver. (1990).


3. Interview de Sawatsky (l'incontournable !) dans SCUBA SCOOP, reprise du Ottawa Citizen (par Kathy Dowsett)

«The Ottawa River caves are relatively accessible by the challenging standards of Canadian caves, and clustered just downstream of Pembroke. They are the longest known underwater caves in Canada, with passages varying from one to 38 metres in width. The caves formed in the weak areas between layers of limestone, so in some places the passages are stacked on two levels like a parking garage. No vegetation grows in the winding tunnels, but the clams, crayfish and sturgeon that live in the river also occupy the caves, making the cave entrances near the surface popular fishing holes*.

[...]

When the silt on the bottom of the caves gets stirred up, a diver can only be seen by the occasional flashes of light on his equipment, making him look like a tasty minnow to the large fish trawling the area. When they dart in for what they hope will be dinner, it can be incredibly dangerous for a diver clinging to the nylon rope that will get him back to the surface. A school of pike gave Dr. Sawatzky some scary moments during one zero-visibility dive in an Ottawa River cave.

"There are some fairly aggressive fish in the Ottawa River, and they're in the caves as well. It's like being punched. Some of the larger fish hit very hard, so I got punched a few times by fish. When one hit my hand, I didn't let go" of his rope " -- I sort of expected it might be coming."»


* Ce qui nous ramène à notre «histoire de pêche» (Edgar, 1898 ; billet du 15 décembre 2012, voir le premier des «ajouts»).


jeudi 10 janvier 2013

Les Chaudières : combien de chutes ?


1. Installations de Philemon Wright à Hull (Gatineau), sur la rive nord de l'Outaouais, en 1830, 
près des chutes des Chaudières (vue vers le SW). La Petite Chaudière est au centre de l'image ; 
la Grande Chaudière, plus à gauche, est masquée par l'arbre incliné et le bâtiment à gauche. Avouez
qu'il aurait été difficile de trouver un point de vue qui nous donne autant envie de voir de ces chutes
ce que l'artiste ne nous en montre pas... 

(Pour savoir de quelles Chaudières (avec majuscule) on parle ici, voir mes récents billets.)

Aquarelle de Thomas Burrowes ; titre original : Hull, (Lower Canada), on the Ottawa River; 
at the Chaudier [sic] Falls, 1830. Archives publiques de l'Ontario, C 1-0-0-0-6. Le «sic» n'est pas de 
moi ; par contre, c'est bien moi qui ai «déjauni» l'image. Voir cette autre représentation du même site 
à la fin de ce récent billet (tableau de DuVernet, 1823).

Les piles brunes sur la terre ferme et dans l'eau sont des lits de calcaire gris. Une sorte de 
tabou empêchait apparemment les artistes du XIXe s. de représenter ce calcaire autrement qu'en
ocre ou en brun. Les différentes teintes de gris n'étaient pas encore à la mode.

* * *


Combien y a-t-il de chutes aux Chaudières ? On connaît la Grande et la Petite Chaudière. Et s'il y en avait (eu) une troisième, toute petite, en amont ? Une sorte de mini-Chaudière ?


2. Détail.

Voyez ce détail d'une aquarelle de T. Burrowes datée de 1830 (illustration no 2). Au centre du paysage, derrière l'île (à gauche), discrètement placée en retrait d'une pointe de terre qui s'avance dans la rivière, on entre-aperçoit une chute, pas très haute.

À moins que Burrowes aie voulu représenter des rapides ? Il existe bel et bien des rapides en amont des chutes des Chaudières, les petits rapides des Chaudières, à plus d'un km de l'endroit où l'auteur de l'aquarelle a planté son chevalet.

Un km, alors que les petites chutes de notre aquarelle semblent beaucoup plus près, même s'il est difficile d'être affirmatif devant cette œuvre d'amateur.


3. Détail encore plus détaillé (non «déjauni»).


Cet autre détail, plus serré (illustration no 3), permet au moins d'affirmer qu'il s'agit bien d'une chute, et non de rapides. Or, à ce que je sache, personne, explorateur, géographe ou historien, n'a jamais mentionné cette mini-chute.

Chose trop insignifiante que ce prodrome de la Grande Chaudière pour seulement mériter une mention ?

Diane Aldred (1994, p. 87) affirme que la construction d'un batardeau devant les chutes en 1868 aurait réduit la puissance (et l'étendue ?) des petits rapides des Chaudières en haussant le niveaux des eaux de la rivière.

On peut se demander si, en plus d'assagir les rapides, ce batardeau (et/ou les autres barrages, construits vers 1910 aux Chaudières), n'aurait pas effacé (ou noyé...) cette petite chute ?

La question reste, pour le moment et pour ma part, ouverte.


4. Le même site, vu à l'opposé (visée vers le NE), 182 ans plus tard. Le barrage des Chaudières 
est à droite ; la petite Chaudière se trouvait à peu près au fond de la baie, à gauche. Elle est à présent
dissimulée par les installations industrielles. Nulle île, nulle rapides : calme plat. 
(Photo décembre 2012, par mauvaises conditions météo.)

«Le barrage [des Chaudières] est construit en 1908 et mis en opération en 1910 dans le but de contrôler et d'uniformiser le niveau d'eau et d'ainsi répartir l'utilisation des forces hydrauliques. Cet ouvrage, qui épouse la forme géomorphologique originale de la chute, est un exemple rare de barrage à poutrelles de retenue. Il est un des premiers barrages hydroélectriques au Québec et le premier sur la rivière des Outaouais.» (Texte © Société du Musée canadien des civilisations.)


5. Rapides Farmer, en amont du pont Alonzo-Wright sur la Gatineau, à Gatineau. 
(Voir mes billets sur l'île Marguerite.) Faut dire que, parfois, la différence entre une chute 
et des rapides est assez subtile. (Photo juillet 2012, tout près d'une magnifique talle 
d'herbe à la puce ; voir ce billet.)


OUVRAGE CITÉ
Diane Aldred, Le Chemin d'Aylmer : une histoire illustrée / The Aylmer Road: An Illustrated History. L'Association du patrimoine d'Aylmer, Aylmer, Heritage Association, photographies par Alan Aldred, traduit de l'anglais par Claude Leahey et Rodrigue Gilbert, 1994, 256 p. ISBN 0929114124

mardi 1 janvier 2013

Chutes des Chaudières : description et origine (ajouts)


Détail annoté par mes soins de la carte d'Austin (1882). 
[Version modifiée, 23 février 2013.]
A. Petite Chaudière ; B. Grande Chaudière ; C. Barrage des Chaudières* ; D. Tranchée des
Chaudières*, occupée par un chapelet d'îles ; entre D et M : «grand chenal»* ; E. Escarpement Ouest ;  
F. Amphithéâtre et le «petit chenal» ; G. Escarpement Est ; H. Trou du Diable ;  
j. Îlot du «pot-de-fleurs» de Woolford (1821) (voir le billet du 5 décembre 2012, lien plus bas) ;  
K. et L. Baies (île Chaudière et Victoria) dans le prolongement de l'escarpement G ;  
M. Péninsule (faille Montcalm)* 
La ligne pointillée discontinue marque l'alignement de G, J, K et L.
* Éléments repris sur la carte de Wilson (1938), plus bas.
(La carte originale ne donnant que le nord magnétique (variable), le nord 
astronomique que j'indique ici ne peut être exact au degré près.)


Ce billet est relié aux billets suivants :
5 décembre 2012 : «Pot-de-fleurs» ; 15 décembre 2012 : «Les chutes et la caverne» ;
19 décembre 2012 : «Origine» ; 27 décembre 2012 : «Origine : suite».

Des retouches ont été apportées au billet du 17 au 23 février 2013.


RÉSUMÉ
La rivière des Outaouais coule dans le secteur des Chaudières sur des strates de calcaire ordovicien horizontales. Il s'agit d'un lit «neuf», inauguré après les glaciations, lorsque le départ de la mer de Champlain, il y a 10 000 ans, a permis au cour d'eau de se déblayer un couloir dans l'épais dépôt d'argile marine. Les Chutes des Chaudières occupent l'extrémité ouest d'un chenal («petit» et «grand chenal») qu'elles ont créé par un recul progressif. Plus en aval, la rivière coule au pied d'une cuesta d'âge pré-glaciaire (Tertaire) (cf. Colline du Parlement). Les chutes des Chaudières, jadis admirées, sont depuis le XIXe s. pratiquement invisibles, occultées par un décor industriel devenu vétuste.


INTRODUCTION (COURTE)
Pour présenter le sujet de ce billet, il suffirait de le chapeauter d’un court paragraphe contenant les mots suivants : «chutes des Chaudières, Gatineau, Hull, Ottawa, rivière des Outaouais, topographie et origine».

Voilà qui est fait.

L’auteur assume les hypothèses qu’il avance dans ce document et s’excuse d’avance auprès des gens qu'ils cite et dont il aurait pu mal interpréter les travaux.


INTRO (LONGUE)
Malgré la disponibilité de cartes des bâtiments et des infrastructures, les tentatives de reconstituer le site dans son état natif donnent des résultats hasardeux, du moins à partir des cartes du XIXe siècle. Celles qui datent de l'époque qui précède l'urbanisation et l'industrialisation intensives du secteur sont souvent difficiles à concilier entre elles. Du reste, cette imprécision explique ou conforte une ceraine indifférence généralisée : qui, même parmi les natifs de la région, saurait où se trouvent la Petite Chaudière et le trou du Diable ?

Les photos prises au XIXe s. nous montrent des coins de paysages qu’on ne pourrait situer qu’au jugé tant le site a changé ou est inaccessible. Si les œuvres picturales (aquarelles, gravures, etc.) sont plus parlantes à cet égard – les peintres bénéficiant de plus de latitude pour composer leur panorama – elles sont fidèles à des degrés variables. Et si les anciennes cartes n’ont pas la rigueur des plus modernes et sont d’un maniement délicat, elles ont l’avantage de ne pas dénaturer le site sous une «couche urbaine» opaque et omniprésente. De toute façon, concilier cartes et représentations d’époques différentes est une gageure.

Plusieurs documents ont été consultés dans l’élaboration de la présente étude (merci au site Internet de Bibliothèque et Archives Canada). J’ai d’abord cru possible de créer une carte unique, sorte de compilation ou «produit de synthèse». Après avoir essuyé quelques déconvenues, sans renoncer à mon projet pour l’avenir, j’ai préféré me contenter d’annoter deux cartes :

  • La carte d’Austin (1882), raisonnablement précise, et qui avait l’avantage de montrer le site juste avant l’époque où ses caractéristiques essentielles auraient été occultées ou détruites ;
  • La carte géologique de Wilson (1938), précieuse pour le luxe de détails dans le tracé des failles qui découpent le socle rocheux.
  • Note : dans le texte, les lettres entre parenthèses (A) se rapportent à la carte d’Austin ; les chiffres (1), à la carte de Wilson. Les seules exceptions pour cette dernière sont les sigles FHG (faille Hull-Gloucester) et FM (faille Montcalm). Bien sûr, les points cardinaux entre parenthèses (ENE) échappent à ce système.


CONTEXTE GÉOLOGIQUE ET TOPOGRAPHIQUE
La rivière des Outaouais coule dans le secteur des chutes des Chaudières sur des strates horizontales de calcaire ordovicien (env. 450 millions d'années), au sud du Bouclier canadien (plus d'un milliard d'années). Des failles, en amont et en aval, basculent localement les strates, mais on ne peut relier les chutes actuelles à aucun bouleversement de ce genre.

Les chutes doivent leur existence à un escarpement rectiligne (E, 2), orienté NNW, qui coupe perpendiculairement la rivière sur 400 m, à partir de la rive hulloise (rive nord). Cet accident rejoint, au sud, l'île Chaudière qui, avec les îles Wrigth* et Victoria, forme le gros d'un archipel qui étire ses éléments selon l'axe de la rivière (ENE).

* Ou île Philemon, selon les sources.

Des chenaux subparallèles (certains ayant été «canalisés») permettent à l'eau qui échappe aux chutes de s'écouler à travers cet archipel.

Îles et chenaux suivent le tracé d’un faisceau de failles ENE-NE (faisceau des Chaudières pour la suite) qui convergent vers un point situé à plus d'un km en aval du barrage. À cet endroit, une faille de direction WNW, la faille Montcalm* (FM, 6) les intercepte et interrompt leur tracé. Passé ce point, la rivière s’élargit et fait un coude vers le nord.

* Par commodité, je baptise ainsi cette faille anonyme, puisqu’elle se confond avec une section de la rue Montcalm, à l’ouest du ruisseau de la Brasserie (4). Cette faille est parallèle à notre faille des Allumettières, au sud de laquelle elle passe.

On pourrait ajouter, mais ce serait nous entraîner trop loin, que les cuestas de la rive ontarienne qui se dressent face au Bouclier canadien (cf. la Colline du Parlement) sont le résultat d’une longue période d’érosion aérienne qui a précédé les glaciations du Quaternaire (voir mon billet du 19 décembre). Sans doute ont-elles contenu l’Outaouais en lui imposant de couler à leur pied.


PETITE ET GRANDE CHAUDIERES
(Sur l’origine du nom «Chaudière», voir mon billet du 5 déc. 2012.)

Contre la rive nord de l'île Chaudière, l'escarpement évoqué plus haut ne s'est pas maintenu et la chute a reculé de 400 m vers l'amont, créant ce que j'ai baptisé le «petit chenal» (F) dont le grand axe, orienté ENE, coïncide avec l’une des failles (3) du faisceau des Chaudières. À son extrémité ouest, en amont, le petit chenal s'élargit par exploitation des joints qui découpent la roche, comme on le verra plus loin. Il prend l'aspect d'un amphithéâtre (F). C'est la Grande Chaudière (B), où l'eau s’engouffre comme dans un entonnoir, rebondissant par des paliers irréguliers, ce qui explique l’aspect bouillonnant des chutes de naguère qui impressionnait tant autrefois voyageurs et Autochtones. Tout dépendant du niveau de la rivière et des opérateurs du barrage (C, 1), des plans de roche nue plus ou moins étendus sont visibles. (Voir photo satellite Google, plus bas.)

Près de la rive hulloise, l’escarpement E s'infléchit vers le NE. C'est la Petite Chaudière (A), bien que ce terme se prête mal à une cataracte qui présente un front presque rectiligne.


Détail annoté de la carte de Wilson (1938). Les couleurs et les nombres de la carte originale renvoient
aux différentes variétés de roches sédimentaires du Paléozoïque (calcaire, shales, grès) qu'il est inutile
de détailler ici. Les minces lignes ondulées représentent des failles. 
Légende (adaptée)
FHG : faille Hull-Gloucester ; FM : faille Montcalm ;
1. Barrage des Chaudières* ; 2. Tranchée des Chaudières* ; 3. Faille ENE et «grand chenal»* ;
4. Ruisseau de la Brasserie ; 5. Une baie et des îles sur le passage de la FHG ;
6. Péninsule* traversée par la FM. 
* Élément repris sur la carte d'Austin (1882), au début du billet.


© Google Map
Photo satellite couvrant à peu près le même secteur que la carte de Wilson (1938).


TRANCHÉE DES CHAUDIÈRES
La configuration de la Petite Chaudière se complique (se compliquait, le site à cet endroit n’a plus rien de son état natif) par le fait qu'un chapelet d'îlots (D, 2) allongés élevait une muraille discontinue à son pied. Ce chapelet s'interrompait dans le prolongement du petit chenal. Le pot-de-fleurs (J) de Woolford (1821), à quelques m au SE, en était peut-être un élément distant épargné par l’érosion (voir le billet du 5 déc. 2012).

Les îlots du chapelet s'étirent dans une sorte de tranchée dont l’escarpement E formerait le mur ouest tandis qu’à l’est se dresse une muraille (G) symétrique, mais écourtée au sud. J’ai baptisé ce couloir tranchée des Chaudières (D, 2). Cet accident topographique n’a jamais, à ma connaissance, été décrit comme élément distinct.

Des baies encochent la rive nord des îles Chaudière et Victoria (K et L), dans le prolongement de l’escarpement G. Simple coïncidence ou influence d'une faille, autrement non discernable ?...

Le pont des Chaudières (et ses prédécesseurs depuis l'Union Bridge de 1827) passe sur le chapelet d’îlots. Longtemps, on s’est contenté d’un pont suspendu long de 70 m pour relier l’île Chaudière à la rive hulloise. (Voir la toile de Sewell, ci-dessous.)


Pont de la Chaudière (Union Bridge) sur la rivière des Outaouais, à Hull (ca. 1843-1859).
L'île au centre du tableau est sans doute le «pot-de fleurs» (J) de Woolford (billet du 5 déc. 2012)*. 
La section suspendue du pont est juste derrière cet îlot. 
 À gauche, l'île Chaudière, à droite l'île Wright. Le pont débouche de la tranchées des Chaudières 
(D, 2) par la droite. La Grande Chaudière se devine à l'arrière-plan. On remarque l'égalité de la
hauteur des falaises de toutes ces îles et l'horizontalité des surfaces.
Edmund Willoughby Sewell, huile sur toile. 
 Bibliothèque et Archives Canada, no d'accès 1991-120-2, négatif de copie C-011048.

*  Ajout (10 mai 2014). – En fait, le pot-de-fleurs de Woolford (billet du 5 déc. 2012) et celui auquel je l'assimile ici sont sans doute deux îlots différents, mais très proches. Un billet fera le point sur cette méprise.


TROU DU DIABLE ET CAVERNE
Près de cette rive hulloise, toujours dans la tranchée des Chaudières, l'eau tombée de la Petite Chaudière (par l'escarpement E) se butait contre les îlots et entretenait (entretient encore ?) un tourbillon, le trou du Diable (H), légendaire maelström sensé attirer et engloutir tout ce qui avait le malheur de passer à sa portée. Êtres et objets ressurgissaient au loin, en aval. Du moins l'assurait-on.

Edgar (1898), sur la foi du récit d’un quidam, atribue une profondeur de 55 m au gouffre (?) à l’aplomb du trou du Diable. La fiabilité de la source est discutable. Joseph Bouchette, l’arpenteur-géographe bien connu, raconte (1832 ; voir mon billet du 15 décembre 2012) que ce siphon constituait l'entrée d'une caverne sous le lit de la rivière. Elle évacuait le «surplus» d’eau et le restituait à la rivière dans une résurgence en aval*... Il semble bien, toujours d’après Bouchette, qu’il tombait plus d’eau sans la Petite Chaudière qu’elle en laissait s’échapper…

Arpenteur, géographe et officier, Bouchette avait sa réputation professionnelle à sauvegarder. Colporter des fadaises ne lui aurait pas servi : gageons qu’il n’a pas évoqué cette caverne à la légère. À ce que je sache, pourtant, l’existence de cette caverne, encore évoquée récemment par l’historien Pierre-Louis Lapointe (2004), n’a jamais été ni corroborée ni contredite. (Voir le billet du 15 déc. 2012.)

* Selon Edgar (1898), la résurgence était située à plus de 3 km de distance, près de l’embouchure de la Gatineau, soit au-delà du coude vers le nord que fait la rivière en aval des chutes. Exprimons notre avis très réservé.

*

Aujourd'hui, un promeneur qui traverse la rivière par le pont des Chaudières (D, 2) ne soupçonne qu’une partie de ce qui vient d'être décrit (sauf l’existence du pont, d’un barrage et, difficilement visible, de la Grande Chaudière, amaigrie et assagie sous son barrage). L’urbanisation et l’industrialisation ont profondément modifié les lieux, nivelant ici, élevant un bâtiment là-bas, et redessinant les rives. La Grande Chaudière elle-même, domptée, encagée, est pratiquement invisible de tous côtés (voir ce billet, «Invisible nombril»).


Détail de la carte d'Austin (1882). Le nord serait environ à deux heures.


LES FAILLES
Selon Baird (1972), des failles découpent le socle rocheux de la région selon trois directions privilégiées : WNW, EW et NE.

Par photo satellite, il est possible de relever trois systèmes de joints dans le calcaire sous la Grande Chaudière : WNW, NNW et NNE ESE.

La principale faille du secteur, la faille Hull-Gloucester (FHG), passe à un peu plus d’un km en amont des chutes. Son orientation coïncide avec celle du système NNW. Des îles allongées aux strates parfois soulevées (5) sont semées sur son passage. Sur la rive ontarienne, une baie étroite lui doit son existence*. Cependant, la faille Hull-Gloucester n'apporte aucune perturbation à l'écoulement des eaux de l’Outaouais*.

* L'autre baie, en face (baie Squaw), qui semble être le pendant québécois de cette baie ontarienne, coïncide avec une faille secondaire d'orientation WNW (Wilson, 1938). Notons également l'existence des petits rapides des Chaudières, lesquels s'étendent sur plusieurs centaines de m en amont de la FHG.

Il ne faudrait ni exagérer ni sous-estimer le rôle des failles dans la topographie régionale. Si certaines se manifestent par des creux (chenaux), d'autres (ou les mêmes) forment bosses (îles) ou ne se remarquent pas, l'érosion ayant arasé les disparités depuis l’époque où elles ont joué pour la dernière fois (Crétacé, 110 millions d’années). Dans le cas de la faille Hull-Gloucester par exemple, le rejet, côté SE de la faille abaissé, atteindrait 550 m. C’est évidemment hors de proportion avec l’accident de terrain ayant donné naissance aux chutes des Chaudières.

Failles et joints peuvent surtout être des zones de faiblesse que l'érosion exploite.

Selon Allard (1977), la faille Hull-Gloucester marque la frontière entre le plateau de Lucerne (Aylmer, maintenant partie ouest de Gatineau), altitude moyenne de 122 m, et la plate-forme du Vieux-Hull, à l’est, altitude moyenne de 53 m. Il est tentant d'établir un lien entre la faille Hull-Gloucester et les chutes des Chaudières, mais rien ne prouve qu'une faille passe à l'endroit des chutes ou coïncide avec la tranchée et les escarpements parallèles qui la borde. Les strates calcaires aux Chaudières demeurent horizontales. Pourtant, la faille Hull-Gloucester, la tranchée des Chaudières et la partie sud du ruisseau de la Brasserie (4) ont une pareille orientation NNW. Et l'alignement de l’escarpement G et des baies K et L des îles Chaudière et Victoria est aussi bien évocateur…

Reste qu’une faille (3) est bel et bien liée à la Grande Chaudière. Courant vers l’ENE, elle expliquerait le désagrégement du calcaire et le recul de la chute qui a engendré le petit chenal. Élargi en éventail par l’érosion de lignes de joints, le chenal s’est enflé en amont aux proportions d’un amphithéâtre.

La prudence s’impose ici cependant. Wilson (1938), qui rapporte l’existence de cette faille, l’a notée comme faille supposée («assumed») et non comme faille observée («defined»). (Voir la photo satellite qui suit.)


© Google
Trois systèmes de joints découpent le calcaire sous la Grande Chaudière (lignes pleines) : 
NNW, NNE et EW/NNW ESE (presque E-W). (La perpective oblique peut modifier les angles.) 
La ligne pointillée ENE correspond à la faille hypothétique de Wilson (3), laquelle ne coïncide 
avec aucun système. Le prolongement vers Hull du joint NNW se confond avec l'axe du ruisseau 
de la Brasserie.


RUISSEAU DE LA BRASSERIE
Le ruisseau de la Brasserie (4) est situé 200 m en amont de la Petite Chaudière. Selon Allard (1977), il s'agirait d'un bras abandonnée de l'Outaouais, creusé dans le calcaire, peut-être à une époque datant d'avant les glaciations. La partie sud du ruisseau, nous l’avons dit, est orienté NNW et la Grande Chaudière, ± 300 m au sud, se place exactement dans son prolongement.

Dans la mesure où aucun autre élément ne relie le ruisseau et la Grande Chaudière, nous sommes tenté de voir dans cet alignement qu’une simple coïncidence*.

* Ceci, d’autant plus que la chute étant en recul, au moins depuis l’escarpement E (voir plus bas), c’est pur hasard que nous sommes là pour constater cet alignement transitoire. Rapportons malgré tout que l’un des joints NNW les mieux exprimés dans le calcaire de l’amphithéâtre est dans la continuité parfaite de la partie sud du ruisseau de la Brasserie. Bien sûr, dans une région où les joints et failles privilégient quelques axes parmi tous ceux possibles, il sera toujours possible de viser un linéament à partir d’un autre…


TRANCHÉE DES CHAUDIÈRES (SUITE)
La tranchée des Chaudières (D, 2) est l’élément topographique le plus surprenant du paysage des chutes. Avec sa configuration inattendue et son chapelet d'îles, elle est la principale découverte que je rapporte de l'examen des anciennes cartes. L’explication la plus plausible sur son origine est qu’il s’agirait du résultat de l’exploitation par l’érosion de joints vulnérables dans le calcaire (système NNW). Comme on le verra immédiatement plus bas, la tranchée est sans doute un trait tout aussi récent qu'éphémère de la topographie locale (à l’échelle géologique, même récente, s'entend).

Sur des photographies du XIXe s., on constate une égalité de niveau entre les sommets plats des îles et des escarpements E et G. (Voir le tableau de Sewell, plus haut.) La tranchée a donc été creusée dans le calcaire horizontal, les îlots étant des reliquats de cette surface originelle. Aucune observation in situ ou document (carte ou photo) ne m'a apporté la moindre évidence que les strates de calcaire aient subi le moindre dérangement à cet endroit.


ORIGINE DES CHUTES DES CHAUDIÈRES
Je reprends ici une partie de mon billet du 19 décembre 2012.


Un lit neuf (et accidenté) pour l'Outaouais
On sait que l’Outaouais, dans le secteur des Chaudières, coule sur un lit «tout neuf», inauguré après que les grandes glaciations soient venues perturber le paysage. L’actuelle rivière a commencé à tracer son chemin dans l’argile de la mer de Champlain, il y a 10 000 ans, avant de déblayer le till glaciaire sous-jacent et rebondir enfin sur un socle rocheux dénudé, mal adapté à l’écoulement paisible des eaux. D’où de multiples rapides et les chutes des Chaudières.

«In post-glacial time it is probable that the Ottawa river has cleaned out and somewhat deepened the old valley in the vicinity of Ottawa, and the steepwalled gorge which extends for a short distance below the Chaudière falls is evidently due to post-glacial erosion (Goldthwait et al., 1913 ; p. 133 ; le gras est de moi)

Les chutes reculent
«The principal fall in the Ottawa river occurs at Chaudiere falls at Ottawa where the water falls over a low escarpment of Trenton [Ordovicien] limestone. A series of narrow gorge-like channels below the falls, the largest one being occupied by the main volume of the river, shows the distance the falls have receded in post-Glacial time. The total distance is only about one-quarter mile [400 m]. The maintenance of the falls is owing to the well jointed character of the rocks which permits large masses to be separated by widening of the joints and finally to be worn away, leaving a still nearly vertical front over which the water falls. The general uniformity of hardness of the beds, however, has prevented a rapid recession of the falls (Johnston, 1917 ; p. 8-9 ; le gras est de moi)


Il Y A RECUL ET RECUL
Dans un premier temps, j'avais d'abord interprété «below the falls» comme signifiant «sous la Grande Chaudière (ou sous le barrage) (voir le billet du 15 déc. 2012). En effet, de l’escarpement E au barrage, on a une distance de presque 400 m. Mais cela supposerait que cet escarpement soit demeuré intact durant le développement du petit chenal. Un tel fait m’apparaît douteux. La tranchée des Chaudières (escarpements E et G plus les îlots), de développement NNW, rassemble trop d’éléments «discordants» par rapport aux grandes lignes qui définissent la rivière dont les eaux s’écoulent vers le NNE à l'endroit des Chaudières. À mon avis, déjà exprimé plus haut, la tranchée, du moins dans sa configuration actuelle, est un élément fortuit, récent et éphémère du paysage. Elle témoignerait davantage du délabrement du socle rocheux le long de joints vulnérables. Il ne faudrait pas y voir l'élément topographique à partir duquel les chutes se seraient formées et maintenues depuis la fin des glaciations.

Je suppose donc que la «steepwalled gorge» sous les chutes correspond au grand chenal (D-M, 3) encaissé par les rives de l’île Wright (au N) et des îles Chaudière et Victoria (au S).

Si on adopte cette hypothèse – qui me semble la plus topographiquement raisonnable –, la «cataracte d’origine» devait se trouver aux environs du point de convergence du faisceau des Chaudières, dans le prolongement de la péninsule (M, 6) qui se confond avec la faille Montcalm, à l’est de l’île Wrigth*.

* Même si le chenal qui a créé l’île Wright est artificiel, son embouchure et la majeure partie de son cour sont naturelles. Voir liens plus haut à propos de l'île Wright ou Philemon.


Péninsule à l'est de l'île Wright vue du côté ontarien de l'Outaouais. Les strates de calcaire, 
au passage de la faille Montcalm, ont basculé vers le SW. Voir les cartes de Wilson (1938 ; point 6) 
et d'Austin (1882 ; point M). Voir ce détail (ancien billet), où la même inclinaison se constate de 
plus près. Photo 7 janvier 2012.


Sur la carte de Wilson (1946), ce grand chenal (D-M, 3), orienté ENE, est aisément discernable. Une faille, longue de 2,7 km (la faille du petit chenal), coïncide, on l'a dit, avec son axe (3).

Le problème est que le recul depuis la péninsule jusqu’à l’escarpement E (ou G, ça ne change pas grand-chose) est de 700 m, et non 400. (Si on ajoute à ce recul celui du petit chenal, l’ampleur de la régression de la chute serait de près de 1100 m.)

Dans cette optique, la tranchée des Chaudière n’est probablement qu’un élément indépendant des chutes rattrapé par leur recul (et ce qui aurait pu en subsister en aval du petit chenal n’a pas résisté au déferlement des eaux, saufle pot-de-fleurs (J)).

Voir cette carte (et détail) :


Bibliothèque et Archives Canada, no MIKAN 4135233.


Détail. 
Légende : voir cartes d'Austin (1882) et de Wilson (1938) plus haut.
Le retrait des chutes a-t-il creusé le grand chenal (3) ou seulement le «petit», élargi par des
excroissances biscornues (F) ? Le tout, avec la tranchée et son chapelet d'îlots (D, 2) évoque un
certain délabrement : l'érosion fluviale a sculpté le paysage. Reste à déterminer les étapes de son
 travail de démantèlement. Le point inportant est que le contraste entre le petit et le grand chenal,
l'orientation discordante de la tranchée par rapport à l'orientation de la rivière apparaissent 
ici très clairement.


CONCLUSION
Les chutes des Chaudières coïncident avec un secteur de l’Outaouais où un faisceau de failles a favorisé la naissance d’îles et de chenaux subparallèles. L’érosion s’est exercée de préférence selon un système de failles et/ou de joints ENE à NE. Le recul vers l’ouest de la chute après les glaciations a créé le grand chenal, selon une faille ENE. Vers l'amont, le petit chenal prolonge le grand. Un amphithéâtre s'est créé tout en amont par exploitation de joints rayonnants. La position initiale de la chute devait être en aval de l’actuelle île Victoria (sous le point 6).

On pourrait ramener cette position à la hauteur de la falaise de la pointe est de l’île Wright (à l’ouest des ponts M et 6), ce qui diminuerait quelque peu le recul et le rapprocherait de la valeur de 400 m.

Le jeu des failles et des lignes de faiblesse dans le socle est complexe et relier tel élément à telle faille ou tel joint peut être délicat. L’érosion est actuellement le facteur prépondérant dans le modelage du relief, du moins dans le secteur des chutes.

La différence d’altitude entre les plateaux calcaires de Lucerne et du Vieux-Hull (122 m/53 m), séparés par la faille Hull-Gloucester, nous rappelle qu'à une certaine échelle cependant, le rôle des failles dans la construction du relief régional ne peut pas être sous-estimé. (Cf. l'escarpement d'Eardley, au NW du site ; voir cet ancien billet.)

La tranchée des Chaudières s’expliquerait (?) par l’érosion le long du système de joints parallèles appartenant au système de joints NNW. «Rattrapée» et laissée en aval par le recul de la chute, elle pourrait aussi être un élément ancien du socle maintenant en discordance avec le réseau hydrographique. (Ce pourrait aussi être une section pré-glaciaire du ruisseau de la Brasserie ? Je lance cette hypothèse pour ce qu'elle vaut.) Le fait que l’influence de l’escarpement G s’étende jusqu’à l’île Victoria en passant par l’île Chaudière (baies L et K) laisse suggérer qu’un accident de terrain – faille ou joint – se prolonge vers le sud.

Mais avouons enfin que nous n'arrivons pas à intégrer de façon satisfaisante cette tranchée dans son contexte topographique !

Dégagée du «grand chenal» qui la contraignait, le sort de la Grande Chaudière est peut-être d'élargir son amphithéâtre plus que de poursuivre son recul, et d'atténuer sa pente. L'intervention humaine est devenue, cependant, le facteur principal de l'évolution de la rivière aux Chaudières.


AJOUT (3 janvier 2013)
La chute «d’origine» (avant le recul de «400 m»)
Quelle est la nature de la déclivité qui, après les glaciations, a donné naissance aux «chutes d’origine» ? Faille ? Relief hérité ? Je penche pour la seconde hypothèse, étant donné le nombre de failles qui traversent la région sans laisser aucun escarpement pour les trahir. Celles en amont et en aval des Chaudières ont bien créé des baies ou des îles, des rapides, mais pas de chutes.

Érosion
Quelque soit la nature de l’escarpement d’origine, n’aurait-il pas été plus simple pour l’érosion d’atténuer peu à peu la rupture de pente plutôt que d’entretenir une brusque déclivité régressive ? C’est d’ailleurs le processus enclenché par la Grande Chaudière qui s'élargit en amphithéâtre sous le barrage.

La tranchée des Chaudières
Mon hypothèse favorite est qu'elle est une section abandonnée du ruisseau de la Brasserie (d’origine pré-glaciaire, selon Allard (1977)). Le ruisseau, avant d’être (re)touché par l’activité humaine, présentait des similitudes avec la tranchée : même orientation (du moins dans sa partie sud), et semé d’îles qui parvenaient à trouver place dans son maigre lit. Cette hypothèse vaut ce qu’elle vaut...



RÉFÉRENCES
  • Michel Allard, 1977 – Le rôle de la géomorphologie dans les inventaires bio-physiques : l'exemple de la région Gatineau-Lièvre. Univ. McGill, départ. de géographie, thèse (Ph.D.), 540 p.
  • Anonyme, 1845 – Plan shewing the sites of the Bridges of Communication across the Ottawa River between Hull and Bytown which were built under the direction of Co. By. Bibliothèque et Archives Canada, no MIKAN 4135233. http://data2.archives.ca/nmc/n0018914.pdf
  • A.W. Austin, C.E., P.L. Surveyor, 1882 – Plan of the Lower Village of Hull, shewing its position relative to the city of Ottawa, the property of the heirs of the late Ruggles Wright Esquire. Chewett & Co. Lith. Toronto. Bibliothèque et Archives Canada, no MIKAN 4126312. http://data2.archives.ca/nmc/n0020966.pdf
  • Baird D.M. (compil. et édit.), 1972 – Géologie de la région de la Capitale nationale. Commision géologique du Canada, livret guide bilingue, 24e congr. géol. internat., Montréal, excursions B23 à B27, 2 fois 36 p.
  • J.W. Goldthwait, J. Keele and W.A. Johnston, 1913 – Excursion A10. Pleistocene : Montreal, Covey Hill and Ottawa, in : Geological Survey, Guide book no.3, Excursions in the neighbourhood of Montreal and Ottawa (excursions A6, A7, A8, A10, A11), Ottawa : Government Printing Bureau, 1913, 162 p. (with maps).
  • W.A. Johnston, 1917 – Pleistocene and Recent Deposits in the Vicinity of Ottawa, With a Description of the Soils. Commission géologique du Canada, Mémoires 101, 69 p., avec carte 1662 (1/63 360).
  • Pierre-Louis Lapointe, 2004 – L'île de Hull : une promenade dans le temps. Coll. «100 ans noir sur blanc», Les Éditions GID, 2004, 206 p.
  • Wilson A.E., 1946 – Geology of the Ottawa-St. Lawrence Lowland, Ontario and Quebec. Commission géologique du Canada (CGC), Mémoire 241, 66 p. (+ 2 cartes 1/63 360).
  • Carte : Wilson, A E, 1938, – Ottawa Sheet, East Half, Carleton and Hull Counties, Ontario and Quebec. Commission géologique du Canada, Carte 413A, 1 feuille (1/,63 360) 



AJOUT (8 juin 2013)

Service hydrographique du Canada, ministère des Pêches et des Océans, Rivière des Outaouais : 
Papineauville à Ottawa, Québec-Ontario, carte marine no 1515, 1/20 000, 1998, corrigée 2005-12-02.


La carte bathymétrique du site des Chaudières (ci-haut) montre que les chenaux ont découpé un plateau qui devait originellement s'étendre en aval, vers l'E, jusqu'à l'île Hull (billet du 1er avril 2013 pour cette île). Si raviné soit-il, le démantèlement du socle se produit de l'aval vers l'amont, à rebours du courant. Chose qui ne devrait pas nous surprendre après les commentaires de Goldthwait et al. (1913) et de Johnston (1917) sur le recul des chutes des Chaudières.

Autrefois, le seuil à l'embouchure du plateau était plus perceptible et de petites chutes ou rapides marquaient l'embouchure des chenaux à l'endroit où ils débouchaient sur les chenaux submergés (les X à droite sur la carte de By et Burrows ci-dessous, version annotée).



Détail et détail annoté de By et Burrows, 
Plan and Section of the Chaudiere Falls Ottawa River and the Line of Bridges over the same. [1830]
John By, Lt. Colonel. Royl. Engrs. Comg. Rideau Canal. 8th July 1830. John Burrows, Overseer of Works.
Bibliothèque et Archives Canada, Microfiche NMC16833, CARTO12053, MIKAN 4135260r.


Plus important, les mêmes cartes révèlent l'existence d'une chute à l'ouest du point L (le X à l'ouest du L). Elle semble être le prolongement sud de la Petite Chaudière (E), ce qui confirmerait que la «tranchée des Chaudières» (D) relève d'un accident du socle persistant sur plusieurs centaines de m. (Voir autres détails de la carte de By et Burrows (1830), plus bas, ainsi que le billet du 17 mars 2013).



Autre détail de la carte de By et Burrows : alignement possible de la 
Petite Chaudière (Eet de la chute entre les îles Chaudière et Albert, à l'ouest du point L
(Attention ! le nord est à 4 heures.)


Autre chute, et un glissoir, entre les îles Amelia (à gauche) et Victoria (à droite), vers 1850, 
au sud de celle que j'ai soulignée sur la carte de By et Burrows. Le bâtiment gris est l'actuel 
Mill St. Brew Pubinstallé dans ce qui était autrefois le moulin à papier Thompson-Perkins & Bronson, sur l'île Amelia (1842). Il s'agit du plus vieux moulin de ce genre subsistant à d'Ottawa.
(Voir le billet du 8 juin 2013 pour plus d'information.)
Alice Mary Fulford, Glissoire à bois et radeau, à Bytown, ca 1851, aquarelle sur crayon avec raclage, 28 cm 18 cm. Bibliothèque et Archives Canada, no d'acc 1970-188-2152, No MIKAN 2897312

Chutes des Chaudières et tonneau des Danaïdes


 Chutes des Chaudières sur l'Outaouais, Hull (Gatineau), 1878.
William James Topley

Topley Studio Fonds / Bibliothèque et Archives Canada / PA-012592


À propos des chutes des Chaudières (Gatineau), objet de mes préoccupations depuis le début de décembre :

J'ai rédigé plusieurs billets tout au gré de mes recherches, d'où, parfois, changement de la perspective sous laquelle je voyais les choses. Ceci m'a obligé à nuancer ou corriger des propos tenus dans des billets déjà mis en ligne. (Je ne signale que les plus importantes de ces interventions.) Il résulte de cette improvisation contrôlée une dispersion, bien involontaire, des données. Je fais de mon mieux pour palier à cet inconvénient en lardant mes billets de références mutuelles. Ce procédé a l'avantage de m'éviter d'allonger les exposés par des redites, au prix cependant d'une spaghettisation des liens, si vous me permettez ce néologisme.

Comme le sujet semble d'autant plus inépuisable que j'approfondis son étude, je me demande si je ne suis pas en train de chercher à remplir, au lieu du tonneau, la chaudière des Danaïdes.

PS. – Bonne année.