lundi 9 janvier 2012

Anthropocène

Exemple typique de fleur de l'Anthropocène.

Pour la seconde fois de suite, au lieu de pondre un billet 100 % maison, je vous invite à aller voir ailleurs ce qui s'écrit. Faut dire que le changement d'année est doublé de rien de moins qu'un changement d'ère. Alors, je me ménage.

Louis-Gilles Francœur signe dans le Devoir d'aujourd'hui (encore ce journal, on va finir par croire que j'ai un parti pris) un article tout à fait passionnant sur l'avènement de l'Anthropocène :

«L'Anthropocène, l'ère des déséquilibres
Les changements provoqués par l'homme auraient fait entrer la Terre dans une nouvelle époque géologique [...]
Cent ans de réflexion sur l'évolution de l'humanité débouchent sur un constat scientifique sans précédent dans l'histoire de la planète: une de ses espèces vivantes, Homo sapiens, est en train de rompre des équilibres fondamentaux au point de menacer sa propre survie.
La profondeur de ces changements est telle qu'ils se comparent aux grands événements qui ont historiquement bouleversé de fond en comble les équilibres millénaires, comme l'impact de cette météorite géante qui aurait provoqué la disparition des dinosaures.» (L.-G. Francœur, Le Devoir.)

Quelques lecteurs du Devoir ont réagi : l'Anthropocène, une ère en trop ou, somme toute, un bienfait ? Voyez, par exemple, cet article de Nature Geoscience (2012, vol. 5, no 1) auquel nous réfère l'un de ces lecteurs très réactifs (et très optimistes) : et si l'Anthropocène nous épargnait le retour d'un nouvel âge glaciaire ? (Lien.) Personnellement, je trouve un peu grande la distance entre les faits constatés et ce genre de conclusion jovialiste.

Le concept anthropocénique est l'air depuis pas mal d'années. Au dire de certains, il semble clair que nous sommes entrés depuis le XIXe siècle, avec l'industrialisation, dans une nouvelle ère géologique, encore que d'autres font coïncider les débuts de l'Anthropocène avec l'avènement de l'agriculture au Néolithique, il y a plus de 10 000 ans...

«La définition de l'anthropocène, néologisme construit à partir du grec ancien Άνθρωπος (anthropos, «être humain»), et dont la première occurrence remonte à un ouvrage du journaliste Andrew Revkin [1992] présuppose que les activités anthropiques seraient devenues la contrainte dominante devant toutes les autres forces géologiques et naturelles qui jusque là avaient prévalu ; l'action de l'espèce humaine serait une véritable force géophysique agissant sur la planète.» (Extrait de Wikipedia, l'encyclopédie de ceux qui ne cherchent pas plus loin.)

L’activité humaine a affecté l'environnement à tel point qu'il est en train de se créer une couche stratigraphique distincte que les archives de la planète conserveront pendant des dizaines de millions d'années et plus. Déchets, pollution, radiations, déforestation, extinctions, changements climatiques, etc., tout cela laissera des traces durables. Nos lointains descendants, successeurs ou remplaçants, dans plusieurs millions d'années, pourront pointer du doigt (je suppose qu'ils auront quelque chose qui ressemblera à des doigts...) une strate rocheuse au milieu d'une séquence et dire : «Là, c'est la couche de l'Anthropocène, ensuite, immédiatement au dessus, est venu...»

Est venu quoi ?

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